Chinoiseries


Le Quartier chinois virtuel de Québec

« Chinoiseries »
Courte nouvelle sur le Quartier Saint-Roch (2 de 7)
par Serge Giguère

Tout en sirotant son breuvage, il me raconte les peines et les joies de vivre hors de son pays dans un contexte tout à fait différent de ce qu’il avait imaginé. Sa reconnaissance est illimitée lorsqu’il relate les évènements qui l’ont amené à s’établir à demeure dans notre belle ville de Québec. Tous ces gens aimables et charitables qu’ils rencontrèrent lui sont chers à sa mémoire. Mais malheureusement, c’est justement de ces mêmes gens qu’il a à se plaindre aujourd’hui dans ma cuisine. Le chagrin se lit sur son visage inquiet. Sans le brusquer, je l’amène à me confier ce qui le rend si soucieux et triste. Avec grandes hésitations, il consent à me raconter son histoire. Il me prévient de sa véracité et jure sur la tête de ses enfants que son intention, en me demandant de l’aider, n’était pas de me mettre dans le pétrin. Il croit sincèrement que je suis homme à le sortir de ce mauvais pas car il devine en moi une âme charitable. Il dit m’observer depuis quelques semaines et ne craint pas une traîtrise de ma part. La source de ses déboires est une émission radiophonique entendue sur les ondes quelques temps après les fêtes de Noël de 1971. M. Nap G. de CHRC, y mettait les gens en garde contre la perfidie et la méchanceté des Chinois à vouloir armer le Vietnam Nord afin de conquérir et d’éliminer les Vietnamiens du Sud et leurs défendeurs les Américains. Il lisait le contenu d’un article du New York Times affirmant que le peuple chinois était l’ennemi juré de la démocratie occidentale, et que grâce à eux, la guerre au Vietnam allait durer encore plusieurs années. Du coup, tout le village chinois de Québec fut pris en grippe par quelques citoyens de Saint-Roch. Un vieil ami chinois de M. Lee Mingh fut agressé à l’arrière de chez Cloutier & Fils l’embaumeur. Quelques vitrines volèrent en éclats sur la rue Du Pont et un inconnu incendia une partie de l’arrière-cour d’un citoyen sino-québécois de la rue Fleurie. Bref, une foule d’incidents disgracieux engendrèrent une panique dans le « Chinatown » québécois. Je fus à moitié surpris de ces affirmations puisque plusieurs de mes copains de la haute ville me demandaient souvent comment il m’était possible de vivre dans un tel contexte. Bien que ma jeunesse et mon insouciance ne me permettaient pas de comprendre ce qui se tramait dans mon quartier, je sentais un climat malsain s’y installer depuis un certain temps.






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