La population de la ville de Québec n’a jamais été homogène dans le domaine ethnique et religieux. Différents groupes religieux et ethniques ont ponctué de leur présence la vie dans cette cité. Nous n’avons qu’à penser à la présence immigrante irlandaise, par exemple. Le port de Québec a joué un rôle primordial dans le peuplement de l’Amérique. De très nombreux immigrants transitent, à partir du dix-neuvième siècle, par cette ville. Malheureusement, la ville de Québec n’a réussi à retenir qu’une infime minorité de cette population étrangère. C’est, notamment, le cas pour les Irlandais majoritairement catholiques. Ceux-ci cohabitaient dans tous les quartiers de la ville de Québec selon divers pourcentages. En 1861, ils constituent presque 30% de la population de la ville.[1] Les citadins québécois sont donc mis en présence de ressortissants étrangers depuis bien longtemps lorsque le vingtième siècle débute. Le quartier Saint-Roch, compte sur la présence de quelques individus de religion juive. La paroisse de Saint-Roch compte les trois quarts de la population juive de Québec à cette date.[2] « La communauté juive de Québec, possède en 1901 une synagogue située au 164 de la rue Grant, près de la rivière Saint-Charles, dans le quartier Saint-Roch. C’est une petite communauté de 239 personnes… »[3] Cette collectivité religieuse particulière n’eut pas toujours une vie facile dans cette ville catholique. Leur présence à Saint-Roch causa plusieurs attaques envers eux dans divers organes de presse. Ils furent aussi la principale cible d’une émeute, dans ce même quartier, en 1910.[4]
Nous retrouvons la première trace de la présence de Chinois à Québec en 1891 (ils sont 2).[5] Ils vont s’installer dans un quartier ouvrier populaire de la basse-ville, Saint-Roch. À cette époque, et durant la première moitié du vingtième siècle, ce quartier est le véritable centre-ville de Québec. Un nombre impressionnant de commerces viennent garnir ces principales artères.[6] Un quadrilatère de quelques rues, de ce quartier, se retrouvera rapidement prénommé « le Quartier chinois » par la population locale.[7] Cette population immigrante augmente à un rythme très lent. Le journal Le Soleil, du 2 mai 1910, rapporte qu’ils sont soixante à cette date.[8] La lente progression de cette population peut s’expliquer, entre autres, par sa position géographique. Selon le chercheur Ban Seng Hoe, la population chinoise de la ville de Québec ne croît pas aussi rapidement que celles, par exemple, d’Edmonton ou Saskatoon en raison du manque de moyens de transport appropriés. En effet, le transcontinental ne passe pas directement par la ville de Québec.[9] Effectivement, dans beaucoup de villes situées le long de ce chemin de fer, des
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[1] GRACE, Robert J. op. cit., p. 183
[2] LANOUETTE, Nicolas. Le paysage religieux de la ville de Québec en 1901 : Une expression de la ségrégation résidentielle ? Québec : Université Laval, 2002, p. 25
[3] Ibid., p. 35 Cela représente 0.4% de la population de la ville. Les vestiges de cette agglomération, comme celui du « Chinatown » d’ailleurs, n’existent presque plus aujourd’hui.
[4] LAMONDE, Yvan. op. cit., p. 35-36 Après une lecture antisémite au Cercle Charest de Saint-Roch, des individus s’en prennent physiquement à quelques commerces juifs de la rue Saint-Joseph. Un procès retentissant suit ces événements. Pour plus de renseignements sur cet événements, voir : ROME, David. The Plamondon case and S. W. Jacobs. Part 1- Part 2. Montréal : National Archives, Canadian Jewish Congress, 1982.
[5] DORAIS, Louis-Jacques. Aspects de l’immigration asiatique au Québec. Québec : Département d’anthropologie, Faculté des sciences sociales, Université Laval, 1996, p. 9
[6] MORISSET, Lucie K. La mémoire du paysage. Histoire de la forme urbaine d’un centre-ville : Saint-Roch, Québec. Québec : Les Presses de l’Université Laval, 2001. p. 187-193
[7] Ce quartier fut redécouvert par beaucoup de nos contemporains en raison de la pièce de théâtre écrite par Robert Lepage; La trilogie des dragons.
[8] HOE, Ban Seng. Chinese... p. 96
[9] CHAN, Anthony B. « Bachelor Workers » Iacovetta, Franca et Draper, Paula et Ventresca, Robert.. A Nation of Immigrants. Women, Workers, and Communities in Canadian history, 1840s-1960s. Toronto : University of Toronto Press, 1998, p. 247
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