Le 22 juin 2006, le premier ministre du Canada, Stephen Harper, présente les excuses officielles du Canada pour l'imposition de la taxe de 500 $ aux immigrants d'origine chinoise et annonce qu'une compensation de 20 000 $ sera versée aux survivants.
Publié le 26 juin 2006 sur lefigaro.fr par Ludovic Hirtzmann.
LE PREMIER ministre Stephen Harper a présenté jeudi des excuses officielles à la communauté chinoise du Canada pour les discriminations qu'elle a subies par le passé. À la fin du XIXe siècle, le gouvernement canadien avait imposé une taxe d'entrée aux Chinois pour les dissuader d'immigrer au Canada.
«Ces mesures étaient honteuses... Au nom de tous les Canadiens et du gouvernement, nous présentons des excuses complètes aux Canadiens d'origine chinoise pour la taxe d'entrée et nous sommes profondément désolés de l'exclusion des immigrants qui a suivi», a déclaré Stephen Harper jeudi à la Chambre des communes.
Des sommes considérables.
Entre 1885 et 1923, plus de 80 000 immigrants chinois ont dû payer une taxe pour entrer au Canada. De 50 dollars en 1885, la Head Tax est passée à 100 dollars en 1900, puis à 500 dollars en 1903. Ces sommes, considérables à l'époque, représentaient des années de salaire et étaient censées dissuader les Chinois de venir s'installer au Canada.
Dans un vibrant hommage à l'influente communauté sino-canadienne, le chef du gouvernement conservateur a rappelé que la construction du chemin de fer canadien Pacifique est due pour l'essentiel à la ténacité de ces dizaines de milliers de Chinois. De 1923 à 1947, le gouvernement a interdit aux Chinois d'immigrer au Canada. Certaines restrictions ont existé jusqu'en 1967. «Pendant plus de six décennies, ces mesures fondées sur la race visant exclusivement les Chinois ont délibérément été appliquées par l'État canadien. Ce fut une grave injustice, injustice que nous avons l'obligation morale de reconnaître», a affirmé Stephen Harper. Lors d'une cérémonie emprunte de repentance, le premier ministre a remis des certificats d'excuses à quelques-uns de la trentaine de survivants de cette époque. Pour la plupart centenaires et en chaises roulantes, ces derniers recevront une compensation de 20 000 dollars.
Le gouvernement Harper a en outre promis d'aider les associations chinoises. La ministre du Patrimoine, Beverly Oda, a ajouté : «Les fonctionnaires de mon ministère travailleront d'arrache-pied dans les mois et les années qui viennent pour renforcer le sentiment d'appartenance des Sino-Canadiennes et des Sino-Canadiens, et de toutes les communautés au Canada.»
Ces excuses interviennent alors que les Sino-Canadiens sont devenus l'une des communautés les plus influentes du Canada. Si le gouvernement reconnaît les torts historiques infligés à la communauté chinoise, le premier ministre a déclaré, non sans ironie : «Le peuple canadien est juste et bon, et il prend des mesures réparatrices lorsqu'il s'est trompé.»
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