Chinoiseries


Le Quartier chinois virtuel de Québec

« Chinoiseries »
Courte nouvelle sur le Quartier Saint-Roch (4 de 7)
par Serge Giguère

Quelle ne fut pas ma surprise en pénétrant dans son logis, d’y entendre en sourdine la chanson de John Lennon « Give Peace a Chance » et de lire dans un cadre sur le mur du salon, un poème en français… Jaune de visage, rouge de peau, noir ou blanc de teint Peuples disparates et civilisations de mandarins Enfin réunis dans un joyeux quadrille de boute-en-train ! Utopie lorsque tu me tiens… Je n’étais pas au bout de mes surprises lorsque son jeune fils adolescent me fit voir des photos de ses parents et grands-parents lors de leur arrivée au port de Québec, avec comme simple bagage, leur sourire et un baluchon sur leurs frêles épaules. L’espoir d’un avenir meilleur les rendait joyeux et confiants de voir surgir des jours heureux dans cette belle ville d’adoption. Mme Lee Mingh me salua d’un air un tantinet soupçonneux, mais son époux lui fit un rapide topo de notre journée et elle me gratifia aussitôt de son plus beau sourire de femme reconnaissante. Après quelques temps à discuter de choses et autres, je pris congé de mes hôtes avec la promesse de revenir leur donner les dernières nouvelles concernant cette désagréable chicane de voisinage. Cette petite bourgade qu’était le Chinatown québécois à cette époque, m’était très sympathique lorsque j’y promenais Mozart matin et soir. Un petit quadrilatère comprimé entre les rues de l’Église à l’ouest, le boulevard Charest au nord, la rue Saint-Vallier au sud et la rue de l’Éperon à l’est. Mes concitoyens d’origine chinoise y vivaient tranquillement sans faire de tapage, mais ne se mêlaient guère aux autres habitants du coin. Pour attirer leur attention, il nous fallait de la persévérance et de l’astuce. St Georges C. avait l’habitude de raconter à leur sujet, qu’ils marchaient sur des feutres très épais et qu’un silence inquiétant les accompagnait peu importe la situation. « Effacés » serait une définition assez juste, à vrai dire. Pour nous rappeler leur existence il y avait bien sûr, leurs festivités quelques fois bruyantes, organisées à l’occasion de la Fête Nationale chinoise, le 1er octobre de chaque année, mais sans plus. La famille de M. Lee Mingh était depuis des lustres d’habiles fabricants et organisateurs de feux d’artifices. Donc, avant ces désagréments engendrés par l’incompréhension des uns envers les autres, la vie de quartier était agréable et intéressante pour cette diaspora on ne peut plus discrète.






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