Communauté chinoise: les origines


Le Quartier chinois virtuel de Québec

Les origines de la communauté chinoise de Québec (4 de 4)
par Christian Samson

généralement autour de quelques rues appelées par ceux-ci Tangren Jie (rues chinoises).[1] La population occidentale dénomme souvent celles-ci comme étant l’endroit des hommes de Chine, la communauté chinoise ou le quartier chinois. Éventuellement, le terme « Chinatown » est devenu un standard presque partout en Amérique du Nord pour qualifier ces lieux. La géographe Kay Anderson fait remarquer que ce terme est occidental et qu’il réfère à une conception raciale de la société à cette époque.[2] Ce regroupement physique permet aux Chinois de rester en contact avec leurs compatriotes afin de conserver le plus possible leur mode de vie traditionnel. La détermination de l’endroit où se situe le « Chinatown » est également expliquée par des considérations plus pragmatiques; comme les possibilités commerciales des lieux et le faible coût des habitations. Ceci justifie pourquoi ils se retrouvaient, généralement, dans des quartiers pauvres d’un centre-ville. Le nombre restreint des Chinois à Québec durant la première moitié du vingtième siècle ne justifie pas l’utilisation du terme « chinatown » pour décrire cette concentration d’individus de même provenance. Par contre, dans la petite agglomération chinoise de Québec, certains commerces répondaient spécifiquement aux besoins de la communauté. Par exemple, le 136 Côte d’Abraham, abritait une épicerie chinoise où l’on pouvait trouver des aliments asiatiques ainsi que divers objets provenant directement de Chine.[3]

À Québec, comme partout ailleurs dans les villes de l’Amérique du Nord, où ils sont présents, les Chinois créent des institutions sociales et culturelles qui répondent aux besoins de leur communauté. Celles-ci permettent aux Cantonais de régler leurs problèmes entre eux. Ils ne font, bien souvent, appel à une aide extérieure que dans un dernier recours. En Chine, tant en campagne qu’à la ville, les associations bénévoles étaient courantes. Les immigrants chinois arrivèrent donc au Canada avec cette notion communautariste. Les associations se voulaient des lieux d’entraides, particulièrement dans le domaine économique. Les membres les plus fortunés accordaient des prêts aux moins bien nantis à des taux d’intérêt très avantageux. Ces regroupements servaient aussi à exprimer une certaine spiritualité. Elles aidaient à l’érection et à l’entretien de lieux de cultes pour les ancêtres communs de la lignée.[4] On s’y occupait aussi du retour des restes des cadavres des Chinois en Chine.[5] Il existait également d’autres organisations qui possédaient comme principe l’allégeance commune à un parti politique de Chine. C’était le cas, par exemple, du Kuomintang (Parti Nationaliste) à Québec. Dans les années 1920, cette formation comptait entre 120 et 150 membres actifs dans la ville.[6] L’édifice servant à cette association devenait également un lieu de réunion et de rencontres pour les Chinois de Québec. Dans le même édifice, sur la Côte d’Abraham, on retrouvait une épicerie chinoise où les Cantonais pouvaient s’y approvisionner en aliments et objets de provenance chinoise.[7] Parfois des personnalités politiques importantes de tels partis venaient collecter des fonds en Amérique du Nord. Ce fut le cas pour Sun Yat-Sen avant la révolution de 1911. Dès les années 1910, la communauté chinoise de Québec est divisée entre les partisans du Kuomintang nationaliste et le Chi Kong Tong, une société voulant la création d’une monarchie constitutionnelle en Chine. Cette divergence idéologique fera avorter une tentative de création d’une société de protection mutuelle.[8] Les associations pouvaient également servir de lieux de loisirs pour les membres de la communauté. Pour se reposer, lors de leurs rares moments libres, les Chinois se regroupaient parfois au local d’une association pour jouer à des jeux de hasard[9] et pour se raconter leur vie de tous les jours. Ils servaient aussi à préparer la célébration de fêtes importantes pour eux; comme le Nouvel An chinois. Nous ne savons pas, malheureusement, si un réseau d’entraide économique était en usage dans la communauté chinoise de Québec. Cela s’avère probable, car cela était un phénomène courant dans les « chinatown » au Canada et dans d’autres pays à l’époque.[10]  

- FIN -





[1] LAI, David Chuenyan. Chinatowns : towns within cities in Canada. Vancouver : University of British Columbia Press, 1988, p. 3

[2] ANDERSON, Kay. Vancouver’s Chinatown : racial discourse in Canada, 1875-1980. Athens : U. of Georgia Press ; Montreal : McGill-Queen’s University Press, 1995, p. 29

[3] CARON, Adrien. Quelques notes…op. cit.

[4] HELLY, Denise, op cit., 1987. p.224

[5] Selon la tradition, les Chinois devaient être enterrés dans leur terre natale s’ils voulaient trouver le repos après leur mort. De ce fait, les squelettes des Chinois morts au Canada étaient lavés puis envoyés par caisses pleines à date fixe en Colombie-Britannique pour le retour par bateau en Chine.

[6] HOE, Ban Seng. op. cit., 1980, p. 96

[7] CARON, Adrien. Quelques notes…op. cit.

[8] DORAIS, Louis-Jacques. op. cit.,, p. 10

[9] Jouer à des jeux de hasard est très bien considéré dans les provinces maritimes de la Chine à cette époque. Il ne constitue pas un vice dans la mentalité des Chinois; contrairement à l’opinion populaire en Amérique.

[10] HOE, Ban Seng. op. cit., 2003, p. 46

Source : La Mission Chinoise de Québec (1914-1948) : prosélytisme et intégration. Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval, pour l’obtention du grade de maître ès arts (M.A.). Département d’histoire FACULTÉ DES LETTRES UNIVERSITÉ LAVAL, 2007.



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