Histoire

Travaux de chercheurs en histoire




Rencontres interculturelles entre la Chine et le Canada/Québec au XXe siècle : la perception des jésuites dans la presse périodique québécoise de 1918 à 1949.

par Victor Rochette-Coulombe

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la France qui hérite du mandat épiscopal de la région de Süchow. Après la Première Guerre mondiale, c’est cette procure apostolique qui est léguée aux Jésuites québécois et officiellement reconnue en 1931 « sous le nom de Procure des Missions de Chine ».

Par ailleurs, il semble aussi que l’idée de concentrer l’activité missionnaire à Süchow n’a rien d’un hasard, car d’autres préfectures accueillent aussi des missionnaires québécois (10). En fait, il s’avère que le choix de cette région découle d’une volonté du vicariat de Nankin de relier les principaux centres apostoliques, Pékin et Shanghai, avec une troisième entité géographiquement stratégique. Étant un important point de convergence des chemins de fer entre le Nord et le Sud , la région de Süchow semble donc parfaite pour compléter cette stratégie de triangulation des institutions religieuses occidentales en Chine qui doit, par le fait même, favoriser leur épanouissement.

En choisissant Süchow, les hautes instances de l’Église favorisent l’apprentissage des langues et la propagation de la foi en Chine par le biais de moyens de transports modernes, rapides et plus sécuritaires pour les missionnaires. Or, le choix de Süchow n’est pas univoque. L’apprentissage des langues asiatiques, étant un élément essentiel du succès de la mission, la formation comporte néanmoins quelques exceptions en raison des grandes différences culturelles entre la Chine et le Québec (11). En effet, les premiers jésuites québécois, les pères Goulet et Gagnon, apprennent les langues à Nankin et à Ho-pei. Avec le développement de la mission, pour accélérer l’apprentissage, certains pères vont être formés au Canada. Une formation apostolique qui se fit à la maison Chabanel et au Collège Saint-Ignace à Montréal. D’ailleurs, c’est le Père jésuite Émile Muller qui fonde le collège Saint-Ignace en 1927, soit peu de temps avant son départ pour la Chine en 1931 (11). Il n’en reste que la très grande majorité des 93 Jésuites canadiens envoyés en Chine entre 1918 et 1949 ont été de passage dans la région de Süchow.




10. Voir: carte 1.1 [annexe].
11. Selon le mémoire de maîtrise de Samuel Fleury, « le contrat d’enregistrement de la procure, [complété le 5 septembre 1931], reconnaît le P. Lavoie comme le seul signataire du projet et lui attribue l’enseignement comme occupation principale pour souligner que, sans procure définie, il logeait et travaillait aussi temporairement au Collège Saint-Charles Garnier (83 chemin Sainte-Foy, Québec) […] ». Samuel Fleury, op. cit., p. 56.